
Le gouvernement prend les pharmaciens pour des percepteurs. En cause : l’article 18 du PLFSS 2026 actuellement examiné à l’Assemblée (voir le texte https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b1907_projet-loi.pdf). Il vise notamment à permettre le paiement des participations forfaitaires et franchises directement auprès de certains professionnels de santé, dont les pharmaciens.
Le transfert de tâche est bien commode… sachant qu’entretemps il est prévu de doubler par voie réglementaire le montant desdites franchises sur les actes de soins et médicaments, en portant leur plafond annuel à 100 € contre 50 € aujourd’hui. Inacceptable pour les patients comme pour les professionnels de santé !
Cette mesure est à combattre de toute urgence, car elle incite les patients à renoncer aux soins et fait du pharmacien l’exécuteur des basses œuvres. Si le gouvernement se décharge sur nous de ce recouvrement, pourquoi ne pas lui demander de gérer à notre place le problème quotidien des ruptures de médicaments ? Si nous collectons l’impôt, que les autorités aillent donc collecter les médicaments manquants, ce serait donnant-donnant. Il faut bien raisonner par l’absurde quand l’absurdité fait loi.
Se délestant de la collecte des franchises, la puissance publique prétend « en même temps » à l’ingérence, en désignant parmi les médicaments matures les “vertueux” élus au remboursement. Retiré sous pression des pharmaciens du PLFSS 2023, le référencement sélectif des médicaments matures refait en effet surface dans l’édition 2026 (Article 35). L’instauration d’appels d’offres pour certains médicaments des groupes substituables serait un piège déguisé en vertu, une dérive autoritaire prenant en otage toute une filière, au détriment de la santé publique, des approvisionnements et de l’indépendance sanitaire de la France.
Vendredi 24 octobre 2025