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Dispensation à l’unité des médicaments : une mesure inadéquate

Un décret paru le 2 février définit les modalités de recours à la délivrance à l'unité de médicaments en pharmacie d'officine. L’UNPF estime que cette mesure n’est pas adéquate pour lutter contre le gaspillage et l’antibiorésistance et rappelle que l’expérimentation menée de 2014 à 2017 n’a montré aucun bénéfice.

Tout le monde s’accorde sur le constat d’une consommation trop élevée d’antibiotiques en France, supérieure à la moyenne européenne[1], et sur la nécessité de réduire les résistances bactériennes. Mais découper les blisters n’est pas le bon remède. La délivrance des antibiotiques à l’unité, expérimentée de 2014 à 2017 dans 100 officines de quatre régions (Limousin, Lorraine, Ile-de-France et PACA) « n’a rien prouvé sur la protection de l’environnement, ni sur la mise en évidence d’économies, ni sur l’amélioration de l’observance », concluait l’Académie de Pharmacie dans un rapport d’avril 2021[2].
 
De plus, c’est faire peser sur le pharmacien une injonction contradictoire, celle de déconditionner pour réduire les doses délivrées, tout en assurant la sécurité des patients via la traçabilité des boîtes. Un paradoxe à l’heure où la sérialisation devient obligatoire. En outre, la dispensation à l’unité accroît significativement la charge de travail des officines.
 

Une démarche qui doit être concertée

Nous ne sommes pas opposés à l’idée d’une dispensation à l’unité pour certains médicaments, si le besoin en est mentionné dans la prescription. Mais il faut que cette pratique réponde bien aux enjeux de bon usage visés, qu’elle soit encadrée et adéquatement rémunérée. Par ailleurs, sa mise en œuvre doit être précédée d’une consultation des professionnels de santé concernés. Des conditions qui ne sont pas réunies, a fortiori dans un contexte de forte pression sur les officinaux, particulièrement mobilisés dans la lutte contre la Covid-19 et souffrant de difficultés pour recruter.
 
Selon l’UNPF, ce sujet devrait s’inscrire dans le cadre d’une réflexion plus large sur la dispensation et la juste valorisation de cet acte. L’UNPF préconise également la poursuite de l’adaptation des conditionnements par les industriels, en adéquation avec les durées de traitements. Enfin, nous rappelons l’engagement de longue date des pharmaciens dans le bon usage des produits de santé et la pertinence des actions déjà mises en œuvre contre l’antibiorésistance, dont les recommandations de bonne pratique visant à prescrire les durées d’antibiothérapie les plus courtes possibles ainsi que les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) de l’angine. Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 16 novembre[3] reconnaît « une tendance à la baisse des consommations d’antibiotiques et de certaines résistances bactériennes ces dernières années » en France. Une dynamique à poursuivre avec des moyens ayant prouvé leur efficacité.
 
[2] Académie de Pharmacie, La dispensation des médicaments à l’unité à l’officine, 13 avril 2021.
[3] Santé publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire N°18-19 du 16 novembre 2021 : Antibiorésistance en France en 2021 : une menace sous surveillance.

Jeudi 3 février 2022
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