Quand le contexte économique morose et la fatigue pèsent sur le moral des troupes, raviver l’étincelle est l’une des responsabilités qui incombent aux titulaires. Quelles sont les attentions régulières, les événements marquants et les services qui contribuent le mieux à l’entrain et à la cohésion de l’équipe ? Conseils de Julien Flippes, fondateur de La Réception, conciergerie pour les entreprises, notamment officinales.
Un horizon de marge incertain, des trésoreries souvent en berne, des frais importants liés aux nouvelles missions… Dans cette situation, est-il opportun pour les titulaires d’investir dans la cohésion d’équipe ? Oui si cela contribue au bonheur, suggèrent des études. Car des salariés heureux seraient 31% plus productifs, moins absents, plus créatifs mais aussi plus loyaux - un argument de poids, au vu des difficultés persistantes pour fidéliser et recruter en officine. Fin 2023, un titulaire sur deux cherchait encore à embaucher un pharmacien adjoint ou un préparateur. Et les faibles revalorisations d’honoraires obtenues lors des dernières négociations conventionnelles ne facilitent pas l’augmentation des salaires…
Leçon N°1 : un management positif
« Le bonheur en entreprise tient non seulement à la rémunération mais également à la cohésion et à l’ambiance », estime Julien Flippes, fondateur en 2008 d’une conciergerie privée qui propose ses services aux entreprises de toutes tailles. « Je n’apporte pas de pouvoir d’achat mais du bien-être », explique-t-il. Loin de se substituer au manager, il fournit à ce dernier des outils pour « fédérer » et « soutenir une démarche de management positive ». « En tant que chef d’entreprise, le pharmacien est un meneur, chargé de dynamiser son équipe. Alimenter la motivation passe en priorité par le sens intrinsèque que nous donnons aux missions, par notre capacité à expliquer notre projet et à accompagner les personnes dans toutes les évolutions de leur métier », souligne Christophe Le Gall, président de l’UNPF.
Leçon N°2 : des attentions toute l’année
Sans cette constance dans l’engagement managérial, un événement d’équipe, si réussi soit-il, n’aura pas d’effet magique. « Il est souhaitable de mettre en place des outils dynamisants et ludiques tout au long de l’année, qui témoignent de l’attention portée aux salariés », reprend Julien Flippes. Tout commence par le b.a.-ba : souhaiter les anniversaires, les fêtes de prénom, de joyeuses Pâques ou un joyeux Ramadan… Les vœux peuvent s’assortir de chocolats, bouquets ou autres corbeilles de fruits. Pour n’oublier personne et s’épargner de mémoriser toutes ces dates, le titulaire pourra s’appuyer sur les services d’une conciergerie. L’enjeu selon Julien Flippes est de « permettre aux équipes de gagner du temps, de se concentrer sur leur métier et de bien vivre leur entreprise ».
Pour un montant à définir par salarié, il est possible de ponctuer l’année d’attentions (présents lors des mariages, naissances…), de moments ludiques (concours du pull le plus laid à Noël, de déguisement au Carnaval…) et de challenges intra ou inter-officines, dans le cadre d’un groupement par exemple. Un véritable CE externalisé peut être mis en place, incluant des services soutenant le pouvoir d’achat : billetteries remisées, chèques cadeaux pour les fêtes, voire des forfaits négociés auprès d’un opérateur téléphonique, d’une compagnie d’assurances ou d’un loueur de voitures.
Leçon N°3 : marquer les esprits
Être présent aux côtés de ses équipes et créer une animation régulière n’exclut pas de marquer les esprits lors d’occasions spéciales. C’est même le troisième axe d’une stratégie de cohésion gagnante. Le but est de « créer des souvenirs ». Les us et coutumes du team building traditionnel (repas d’équipe, week-end détente, soirée bowling…) peuvent sembler désuets. Et certaines activités risquent de ne pas plaire à tout le monde : trek sur le GR 20, canyoning… Alors, que faire ? Julien Flippes dédramatise d’emblée : « Ne culpabilisez pas, vous n’arriverez jamais à satisfaire tout le monde sur un seul événement, mais si vous répétez et diversifiez, vous arriverez à toucher un maximum de personnes ».
Il existe des moyens de réinventer l’exercice en respectant les sensibilités de chacun(e). Premier conseil pour viser juste : « Mener un petit audit interne vous permettra de connaître en amont les cultures et préférences de chacun, voire de découvrir la passion qu’un salarié aimerait faire partager. Souvent les personnes ne se connaissent pas si bien ». Deuxième facteur de réussite : la surprise ! « Nous sommes tous des enfants. J’ai une marque de fabrique qui consiste à monter des événements sur mesure en gardant le secret jusqu’au dernier moment », glisse Julien Flippes. Intriguez les salariés en ne révélant pas ce qui les attend… même si un brin d’enquête en amont aura permis de connaître les goûts et dégoûts de chacun, afin d’éviter les mauvaises surprises. Les idées ne manquent pas, de l’atelier culinaire, au karting avec thème spécial d’habillement en passant par la séance avec un mentaliste.
Leçon N°4 : personnaliser
Aucune idée n’est a priori mauvaise, « tout est bon à partir du moment où c’est cohérent, où il y a un sens », selon Julien Flippes, dont les maîtres mots sont « personnalisation » et « créativité ». « Pour un cabinet d’experts comptables, nous avions organisé une soirée casino sur le lieu de travail, avec bar à cocktails et DJ électro, tout le monde était ravi ! », illustre-t-il. Le budget à prévoir pour une fête de fin d’année sera de 50 euros au minimum par participant. Que l’événement soit simplement festif ou également solidaire (challenge sportif en soutien d’une cause par exemple), il est tout à fait envisageable d’y convier non seulement les salariés mais également l’écosystème proche : comptable, juriste, banquier, prestataires…
En résumé, si tout investissement se doit d’être raisonné, fédérer ses équipes et ses partenaires reste essentiel pour l’officine, a fortiori en pleine ère de changements : un bon moyen de tenir le cap, ensemble !