Le PLFSS 2026 approche déjà à grand pas. Et alors que le trou de la Sécu continue de se creuser, les argentiers de l’État sortent les pelles pour le combler. Mais de qui ces zélés fonctionnaires se feront-ils les fossoyeurs ? Aujourd’hui, c’est le transport de malades qui est visé. Sans connaître le dossier sur le bout des doigts, chacun peut comprendre pourquoi les artisans taxis s’inquiètent d’une réforme qui leur ferait perdre jusqu’à 40% de revenus, en particulier dans les petites villes. Le dossier ne concerne pas les pharmaciens, direz-vous. Mais la méthode, elle, nous est familière. De très nombreux dossiers témoignent d’une pénurie de dialogue, confrontant les principaux intéressés à des décisions abruptes, qui infligent à leurs petites entreprises des pertes sèches de chiffre d’affaires.
Une méthode à revoir
Qu’on se souvienne des produits de contraste, déviés du circuit officinal en 2024 par un amendement de dernière minute au PLFSS. Un fait du prince aux motivations floues qui allait priver le réseau de ressources estimées à plus de 200 millions d’euros par an[em2] . Plus récemment, les tarifs des préparations magistrales de sertraline étaient fixés près de 10 euros en-dessous du seuil de rentabilité estimé par les sous-traitants. Ce, malgré de nombreux échanges avec la Direction de la sécurité sociale (DSS), visiblement pas gênée de faire travailler à perte les fournisseurs de solutions essentielles pour pallier les ruptures. Faut-il encore rappeler l’avalanche récente de nouvelles contraintes administratives minant le temps officinal ?
Quand l’absence de dialogue fait méthode, il faut revoir la méthode. On prend les mêmes et on change tout. Et ce n’est pas au nombre des réunions qu’on juge la qualité de l’écoute. En témoignent les nombreux rendez-vous à sens unique avec l’Assurance Maladie ayant mené jusqu’à la signature d’un avenant économique décevant en juin 2024, alors que la profession avait pourtant clairement exprimé dans la rue son ras-le-bol.
Des taux de remises en suspens
Sur le dossier majeur des remises génériques/biosimilaires/hybrides, la profession est encore sous la menace de décisions unilatérales. Le processus de « concertation » entre le gouvernement, les industriels, les grossistes et les pharmaciens doit avoir lieu avant la fin du premier semestre 2025. Or les intentions ministérielles sont connues : faire des économies en baissant le plafond des remises génériques (actuellement à 40%, du moins jusqu’au 1er juillet). Une telle mesure fragiliserait terriblement un pilier économique du réseau, puisque 30% de l’excédent brut d’exploitation (EBE) des officines dépend de ces mêmes remises. Gripper le mécanisme vertueux de la substitution semble un bien mauvais calcul. Elle devrait au contraire être élargie et les professionnels de santé incités à substituer davantage de spécialités. L’Assurance Maladie économise déjà des milliards d’euros grâce aux génériques et l’extension du répertoire recèle encore des potentiels d’économies considérables. Qui entend les pharmaciens sur ce point ? Quel taux sera fixé pour les biosimilaires et les hybrides ? Et quel sera le périmètre des produits substituables ? Autant de questions qui résonnent pour le moment dans le désert.
Les pharmaciens, en tant que chefs d’entreprises ayant des salaires à payer, des prêts à rembourser, des investissements à réaliser pour mener les missions de santé publique, doivent-ils attendre fébrilement que le couperet tombe ? Cette absence de visibilité est inacceptable, surtout à l’heure où l’officine doit se réorganiser pour répondre à des besoins en hausse avec des moyens en baisse.
À la pseudo-concertation sans dialogue doit se substituer une écoute véritable, seule à même de garantir de futures