En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies destinés à réaliser des statistiques de visites. 

Promouvoir un exercice libéral et responsable

Mauvaise nouvelle pour les patients confrontés aux ruptures : La prise en charge des préparations magistrales entravée

C’est un statu quo délétère pour les patients comme pour les professionnels de santé.

Le 22 avril dernier, lors d’une réunion avec les autorités de santé[1], les syndicats de pharmaciens ont été informés d’un durcissement des conditions de remboursement des préparations magistrales prescrites pour pallier des ruptures. Seules les préparations faisant l’objet de recommandations officielles de l’ANSM et d’un tarif publié par arrêté ministériel peuvent prétendre à une prise en charge par l’Assurance Maladie. En l’absence de ces deux éléments, le coût de la préparation doit être entièrement assumé par le patient. La raison ? Une interprétation restrictive, par les autorités, des textes pourtant en vigueur qui prévoient la réalisation et la prise en charge des préparations magistrales remplaçant des spécialités indisponibles[2].

Urgence en psychiatrie

À l’initiative de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) et en présence d’acteurs de la préparation (représentant du SN2P), un nouveau rendez-vous a eu lieu le 29 avril 2025 avec la Direction générale de la santé (DGS). Si cette dernière confirme son intérêt pour la préparation, l’embargo se poursuit sur la prise en charge des préparations non incluses dans les recommandations de l’ANSM. Il y a pourtant urgence. Un collectif de psychiatres a récemment tiré la sonnette d’alarme quant à la pénurie de 14 médicaments psychotropes, dont la sertraline. C’est l’un des antidépresseurs les plus utilisés dans les épisodes dépressifs caractérisés ou les troubles anxieux. Son profil d’efficacité et de sécurité en rend le manque particulièrement problématique. Bien que ce traitement soit déclaré en tension d’approvisionnement sur le site de l’ANSM, les préparations de sertraline ne sont pas remboursables en l’état actuel…
 
En cas d’arrêt de traitement, les psychiatres redoutent le « syndrome de discontinuation, cliniquement ressenti par les patients ». D’autres spécialités sont concernées, dont la venlafaxine, un autre antidépresseur, mais aussi des antipsychotiques et des thymorégulateurs. Déjà parent pauvre du système de santé, la filière de santé mentale s’en retrouve encore plus démunie, et les patients exposés à des risques de déstabilisations cliniques pouvant aller jusqu’à des hospitalisations.
 
La préparation magistrale a pourtant clairement montré toute son utilité face aux ruptures. Elle a ainsi permis de combler 25% des besoins en amoxicilline au cours de l’hiver 2023-2024. Et début 2025, en pleine rupture de quiétapine - antipsychotique prescrit à environ 250 000 patients en France -, plus de 45 000 traitements[3] ont pu être fabriqués en seulement quelques semaines. Pourquoi se priver de ce moyen réactif de répondre aux pénuries ? Le système de santé est-il à ce point en difficulté qu’il ne puisse subvenir au maintien de traitements aussi courants qu’essentiels ?
 
Pistes de résolution

Si la situation n’est pas entièrement bloquée, elle reste suspendue à un certain nombre d’étapes administratives (réunions entre l’ANSM et la DGS, la DSS…), qui se comptent en semaines. Trop long pour les patients qui manquent actuellement de sertraline !
 
L’UNPF regrette cette approche très technocratique, éloignée des attentes des professionnels de terrain, et risquant de saturer les consultations de médecine générale et de psychiatrie, puisqu’il faudra prescrire un antidépresseur de remplacement.
 
L’UNPF appelle nos autorités à modifier leur approche pour redonner son agilité à la préparation magistrale, réponse la plus efficiente lors des ruptures - sinon pourquoi solliciter le réseau officinal lors des ruptures d’antibiotiques et de quétiapine ?
 
L’UNPF rappelle enfin son engagement à construire avec nos autorités un cadre efficace et cohérent (monographie et tarif) pour la préparation magistrale, tout en laissant une certaine marge de manœuvre aux officinaux le temps que l’ANSM et la DSS valident l’ensemble des documents. Il en va de la continuité des soins apportés aux patients.
 
 
[1] Direction Générale de la Santé, Direction de la Sécurité Sociale, CNAM et ANSM
[2] Article L5121-1 du Code de la santé publique et article R163-1 du Code de la sécurité sociale

Vendredi 25 avril 2025
Inscription à la newsletter
Je m'abonne
Adhérez / renouvelez votre adhésion
de votre soutien dépendent nos actions