Une nouvelle convention au goût d’inachevé selon l’UNPF
Cette nouvelle convention n’apporte pas aux entrepreneurs officinaux de cadre économique permettant une projection sereine sur les cinq prochaines années.
Si nous remercions la FSPF et l’USPO pour leur travail et leur implication tout au long des négociations, la nouvelle convention pharmaceutique signée avec l’Assurance maladie nous déçoit. Il s’agit d’un texte dense, mais qui n’alloue pas de moyens à la hauteur de ses ambitions. L’UNPF attend beaucoup de la prochaine phase de négociation en 2023, consacrée à la rémunération.
Cette convention officialise la dimension clinique du rôle du pharmacien : une évolution professionnelle pour laquelle l’UNPF milite depuis des années. En revanche, elle n’apporte pas aux entrepreneurs officinaux de cadre économique permettant une projection sereine sur les cinq prochaines années.
L’UNPF salue l’addition de mesures faisant du pharmacien un acteur à part entière de la vaccination, du dépistage, de l’accompagnement des patients et du bon usage. Cette transformation positive du métier est rendue d’autant plus nécessaire par l’augmentation des besoins de santé, la désertification médicale et l’engorgement des hôpitaux. Elle gagnerait même à aller plus loin, notamment dans les champs de la prévention et de l’accompagnement des patients chroniques. Mais un virage professionnel ambitieux ne peut se concrétiser sans des moyens ambitieux. Or, ces moyens sont en grande partie suspendus à la clause de revoyure, puisque les partenaires conventionnels doivent se réunir à ce sujet en 2023.
Vrai coup de pouce ou faux-semblant ?
Selon les commentateurs, la mise en pratique de la nouvelle convention octroierait au réseau officinal un supplément annuel de 100 à 150 millions d’euros supplémentaires (soit au mieux de l’ordre de 7 000 euros supplémentaires en moyenne par officine et par an). Ce montant viendrait toutefois pour l’essentiel de nouvelles missions que les officines ne pourront pas toutes mettre en œuvre, alerte l’UNPF, craignant une répartition inéquitable de ces nouveaux subsides, au détriment des officines déjà en difficultés financières ou isolées. N’oublions pas que des milliers de pharmacies n’ont qu’un seul pharmacien et qu’aller à la pêche aux honoraires sur ces nouvelles missions ne sera pas chose aisée. De plus, l’UNPF pointe des rémunérations très insuffisantes pour certains actes engageant la responsabilité du pharmacien (
article du 19 février 2022).
Oui, l’officine est déjà et devra être plus encore un poste avancé de la santé publique, mais à condition de pouvoir équilibrer ses comptes et ses effectifs. C’est la priorité pour que tous les pharmaciens puissent s’engager pleinement dans les nouvelles missions. C’est pourquoi, nous attendons du prochain rendez-vous conventionnel de 2023 une clarification indispensable des perspectives économiques de l’officine post-Covid et une revalorisation du cœur de métier officinal.
La simplification n’est pas au rendez-vous
L’UNPF réitère son incompréhension vis-à-vis des plafonds de rémunération annuelle par officine : 750 euros pour les téléconsultations, 500 euros pour la dispensation à l’unité, 500 euros pour le pharmacien correspondant… Ce mécanisme est infantilisant et illogique si l’objectif est d’inciter les pharmaciens à réaliser des actes utiles à la santé publique.
Vendredi 11 mars 2022