La mobilisation des officinaux ne faiblit pas depuis 18 mois, qu’il s’agisse d’assurer la continuité des soins, de fournir les masques, de dépister… Depuis la mise en œuvre du pass sanitaire, jusqu’à 6 millions de tests sont réalisés par semaine1, en grande partie dans les pharmacies. Plus de 5 millions de vaccinations y ont été effectuées à ce jour2… Alors que la campagne vaccinale entre peut-être dans sa phase la plus dure, 16 % de Français restant opposés à l’injection3, les pharmaciens doivent aussi lever les réticences d’une partie de leurs équipes.
Au 15 septembre, tous les personnels de pharmacie auront l’obligation d’être vaccinés pour continuer à exercer. Combien vont démissionner ? Même minoritaire, le phénomène va mettre à mal un réseau déjà éprouvé : des équipes qu’il a fallu former, en urgence, à la vaccination et au dépistage, des soucis logistiques et informatiques qu’il a fallu surmonter, maintenant des craintes d’agressions…
L’agilité a un coût
Cette agilité a un coût, en particulier humain, alerte Christophe Le Gall, Président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) : « Nous devons depuis un an et demi jongler avec les formations et congés pour faire face à nos nouvelles missions et vaincre la pandémie. Nous tenons bon grâce au courage et à l’implication de tous, mais les équipes officinales ont fait beaucoup de sacrifices pour protéger la population ». Face à cette fatigue et désormais au risque de sous-effectif… que propose le Gouvernement à part les sanctions ?
Les centres de vaccination, proposant une rémunération adaptée aux enjeux, ne manquent pas de volontaires. En revanche, dans les officines, où nombre d’étudiants ont prêté main forte cet été, qui va assurer les missions de la rentrée ? Conseiller au comptoir, réaliser les tests antigéniques, vacciner contre la Covid-19 ? Qui, sinon des pharmaciens et des préparateurs diplômés ? Or, recruter devient difficile. Le nombre de nouveaux inscrits à l’Ordre des pharmaciens a baissé de 10 % entre 2015 et 20204. Le coût des études augmente5 et les inquiétudes s’accroissent : 26,8% des étudiants en pharmacie ont songé à arrêter leurs études à la suite de la crise sanitaire6. Maintenir le personnel en poste représente aussi un enjeu. Le coût de la vie incite un nombre croissant de professionnels à quitter les grands centres urbains… Autant de tendances qui risquent de fragiliser un maillage déjà hétérogène.
Plus que jamais pourtant, la profession a besoin d’être attractive. La gestion de la pandémie à court terme et l’avenir de la santé en France en dépendent. L’UNPF appelle à une concertation urgente entre les instances concernées (État, représentants des pharmaciens en exercice et étudiants) pour aborder de front ce problème d’effectifs et trouver les mesures adaptées.