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« La santé intégrative, un territoire où le pharmacien a toute sa place »
Passerelle entre l’art officinal d’hier et la pharmacie clinique de demain, la santé intégrative est une chance pour l’officine, un levier de développement majeur pour l’accompagnement et l’aiguillage des patients. C’est la conviction de Florian Petitjean, pharmacien et fondateur du laboratoire Olisma.
Passerelle entre l’art officinal d’hier et la pharmacie clinique de demain, la santé intégrative est une chance pour l’officine, un levier de développement majeur pour l’accompagnement et l’aiguillage des patients. C’est la conviction de Florian Petitjean, pharmacien et fondateur du laboratoire Olisma.
40% des Français ont recours aux médecines non conventionnelles2, qui suscitent pourtant la défiance des milieux académiques et des pouvoirs publics. Qu’en pensez-vous ?
Florian Petitjean : Les personnes qui ont recours aux médecines complémentaires le font pour répondre à un besoin. Elles méritent d’être accompagnées, pas laissées en marge du système de santé ! On dénombre environ 100 000 praticiens de santé « non conventionnels » en France et 400 pratiques. Il est grand temps de sortir des dogmes, de construire avec les ministères concernés une place raisonnée pour ces pratiques complémentaires et de mieux encadrer les formations, encore trop hétérogènes. Apprenons des pratiques existantes, des régulations qui existent dans d’autres pays, ne nous privons pas de cette chance alors que la France perd des médecins chaque année. Heureusement, les mentalités sont en train de changer. Il faut dire qu’on assiste à une croissance exponentielle des publications scientifiques sur ces sujets : ostéopathie, acupuncture, nutrition, phytothérapie mais aussi cohérence cardiaque, yoga, hypnose... Aujourd’hui des chercheurs de très haut niveau en neurosciences étudient par exemple les effets de la méditation sur le cerveau. Ces approches complémentaires feront partie demain des outils thérapeutiques des médecins et des pharmaciens. Elles seront au cœur de cette alliance thérapeutique que ne remplacera jamais l’intelligence artificielle.
Vous dites que « la pharmacie peut être le lieu d’une approche nouvelle en santé », qu’entendez-vous par là ?
F.P : Entre bobologie et pathologie lourde existe un no man’s land où les patients sont souvent en errance. C’est un territoire où le pharmacien a toute sa place. Il peut, grâce à la santé intégrative, intensifier son rôle de conseil pour prévenir les maladies et leur chronicisation, en intégrant à son panel des interventions non médicamenteuses très utiles notamment pour la gestion du stress, de la fatigue ou de la douleur. Je vois la pharmacie de demain comme un hub de santé, un carrefour de proximité, où le pharmacien et ses équipes vont bien plus loin que la dispensation en s’appuyant sur les nouvelles missions. Tout à fait à l’image de ce qui existe au Canada avec la « pharmacie clinique ». La santé intégrative resitue le pharmacien dans son écosystème local, en tant que professionnel de soins de premier recours et d’accompagnement des patients avant et pendant la maladie.
Face au foisonnement des « écomédecines », comment le pharmacien peut-il aider les patients à s’y retrouver ?
F.P : Le pharmacien est le professionnel de santé le mieux placé pour être le tiers de confiance au croisement de toutes ces disciplines. J’encourage vivement les pharmaciens à se connecter aux naturopathes et autres praticiens de santé de leur territoire. Car ils joueront demain un rôle de fléchage et de contrôle indispensable, pour savoir quand recourir à telle ou telle méthode dans une stratégie préventive ou bien-être, référer au bon praticien et sécuriser la délivrance des produits conseillés par ce dernier.
Quelles autres raisons doivent inciter les pharmaciens à explorer la santé intégrative ?
F. P. : Pour le pharmacien, s’engager dans la santé intégrative, c’est prendre le meilleur de ce qui existe, des plantes médicinales aux objets connectés en passant par la pharmacopée conventionnelle, en essayant de moins impacter l’environnement tout en étant économiquement viable. Cette dynamique donne l’opportunité aux pharmaciens de fidéliser, d’étendre leur patientèle et de se différencier. Le label de santé intégrative Human First, créé pour les officines, leur permet justement de revendiquer cette démarche innovante en santé auprès de leur patientèle. Ce n’est pas de l’opportunisme mais de la cohérence par rapport aux racines de notre profession. Pensez par exemple à la préparation magistrale : elle est centrée sur l’individualisation des parcours de soins, ce qui est aussi un axe fort de la santé intégrative. Le pharmacien a vocation à se réapproprier tout ce qui donne du sens à son métier et la santé intégrative en fait partie. Cette disposition de bienveillance vis-à-vis du patient et entre professionnels est motivante pour toute l’équipe officinale et renforcera, j’en suis sûr, l’intérêt des étudiants pour la profession. De plus, elle favorise la pluridisciplinarité, ainsi qu’un élargissement des connaissances dont les universités devraient se saisir parce qu’il correspond à la réalité de la demande des patients aujourd’hui.
1 D’après le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic) - www.cumic.fr
3 www.france-assos-sante.org/2018/05/31/de-quoi-les-medecines-complementaires-et-alternatives-sont-elles-le-nom ; www.inhfparis.com/index.php/lhomeopathie-uniciste/situation-actuelle-de-lhomeopathie ; www.centre-europeen-formation.fr/metiers/naturopathe ; https://region-sud.latribune.fr/innovation/2019-10-18/omonovo-veut-devenir-le-doctolib-de-la-sante-naturelle-831094.html
5 https://theshiftproject.org/plan-de-transformation-de-leconomie-francaise-focus-sur-la-sante/
6 Pharma Système Qualité (PHSQ), « Mon Guide écoresponsable » Version 2.2023, p.26
7 Sondage en ligne GERS Data pour l’UNPF mené auprès de 444 pharmaciens titulaires du 1er juin au 4 juillet 2023
8 L’observatoire de la Santé pour Wellpharma, 2019, d’après : www.leblogdupharmacien.fr/pharmacie-eco-responsable-le-changement-passera-par-vous
Lundi 21 août 2023Inscription à la newsletter
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