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Promouvoir un exercice libéral et responsable

La déprescription en officine : une pratique d’avenir

1. Qu’est-ce que la déprescription, et pourquoi s’y intéresser aujourd’hui en officine ?
La déprescription consiste à arrêter, réduire ou substituer un traitement médicamenteux devenu inapproprié, c’est-à-dire non nécessaire, potentiellement risqué ou d’une efficacité incertaine. Il ne s’agit pas de retirer des médicaments arbitrairement, mais d’adopter une démarche encadrée, réfléchie, et menée en concertation avec le médecin prescripteur et le patient.
Pourquoi s’y intéresser maintenant ? Parce que les lignes bougent. D’une part, la convention médicale 2024 reconnaît officiellement la déprescription. D’autre part, des campagnes comme celle du Leem Réduisons le volume promeuvent une sobriété médicamenteuse. Enfin et surtout, les pharmaciens sont légitimes — et attendus — dans ce rôle de vigilance thérapeutique. Face au vieillissement de la population et à la polymédication croissante, nous devons réévaluer régulièrement les traitements. La déprescription devient alors un levier pour améliorer la qualité de vie, prévenir les risques iatrogènes et redonner du sens à notre pratique officinale.
 
2. Comment aborder la déprescription avec les médecins prescripteurs ?
La vraie question est souvent celle-ci : comment proposer une déprescription sans heurter la relation médecin-pharmacien ? La réponse tient en un mot : partenariat. Les pistes concrètes ne manquent pas. Pharmacien et médecin gagneront à s’appuyer sur le vécu terrain, par exemple un effet indésirable, une mauvaise observance, une accumulation thérapeutique… cette situation constatée conjointement permettra d’enclencher le dialogue. Autre ressource : le pharmacien peut utiliser le Bilan Partagé de Médication (BPM) pour structurer l’analyse et argumenter la pertinence d’une réévaluation. Il est également possible de parler d’optimisation thérapeutique plutôt que de suppression, afin de recentrer la discussion sur l’intérêt du patient. Enfin, travailler en coordination (CPTS, équipes de soins primaires, ville-hôpital) permet de créer un cadre de collaboration et de confiance.
La plupart des prescripteurs sont réceptifs à un regard complémentaire, dès lors qu’il est fondé, documenté et présenté avec diplomatie !
 
3. Quel intérêt pour le pharmacien, concrètement ?
Pour le pharmacien, la déprescription est bien plus qu’un acte ponctuel : c’est une véritable opportunité professionnelle. Premièrement, elle renforce notre rôle clinique et notre intégration dans le parcours de soins. Deuxièmement, elle crée une relation de confiance durable avec les patients, qui se sentent mieux accompagnés. Troisièmement, elle ouvre la voie à une reconnaissance économique. Une rémunération spécifique pourrait demain valoriser chaque acte de déprescription. Imaginons un honoraire de 30 euros par situation identifiée. Sur une base de 100 ordonnances quotidiennes, si seulement 20 % méritaient une réévaluation, cela représenterait déjà un complément de revenu mensuel significatif. Il est essentiel de faire comprendre aux autorités comme aux patients qu’une déprescription a autant de valeur qu’une prescription, car toutes deux visent le même but : la meilleure santé, au moindre risque et au meilleur coût. Le retrait ou l’adaptation d’une ligne de traitement mobilisent autant d’expertise et de temps d’analyse qu’un ajout, voire davantage en raison de la pédagogie qu’ils impliquent autour du bon usage. Ces considérations doivent être prises en compte dans la rémunération du pharmacien. D’autant que, pour le système de santé, cette approche est génératrice d’économies : hospitalisations évitées, effets secondaires limités, traitements superflus arrêtés.
En résumé, la déprescription n’est pas une idée venue d’ailleurs, ni un luxe réservé au milieu hospitalier ! C’est une démarche pragmatique, utile et valorisante, parfaitement adaptée à l’officine. Elle s’inscrit dans notre rôle de professionnel de santé de proximité.

Jeudi 17 avril 2025
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