
La mobilisation unie des pharmaciens a porté ses premiers fruits. Le Premier ministre a en effet annoncé le 24 septembre 2025 la suspension pour 3 mois minimum de l’arrêté scélérat du 4 août abaissant le plafond des remises commerciales sur les génériques. Le taux de 40% est donc provisoirement sauvegardé et celui sur les biosimilaires est fixé à 15%.
Mais une trêve n’est pas la victoire. Ce cessez-le-feu prend acte d’un mouvement de contestation sans précédent orchestré par les pharmaciens depuis le 1er juillet et ponctué de temps forts de manifestation les 16 août et 18 septembre. Peut-être la crainte d’une campagne vaccinale perturbée par les suites du mouvement a-t-elle pesé dans la balance d’une décision politique judicieuse mais encore insuffisante ?
Car au 24 décembre, quelle surprise attendra encore la profession ? Un retrait définitif de l’arrêté ou le cadeau empoisonné de sa reconduction ? Entretemps, des baisses des prix publics de 52 molécules seront entrées en vigueur au 1er octobre, asséchant les ressources du réseau à hauteur 78 millions d’euros par an. Et toujours entretemps, un PLFSS 2026 certainement punitif sera mis sur les rails. Les pharmaciens, déjà échaudés par les nombreux coups fourrés récents, savent que la bataille pour les remises cristallise un combat bien plus large : l’impérieuse nécessité de doter l’officine d’un modèle économique viable. Ce n’est pas une affaire qui se résout en trois mois.
Les mesures de sauvegarde des officines des territoires fragiles s’imposent certes comme un traitement d’urgence. Mais aujourd’hui, l’affaiblissement chronique de la rentabilité fragilise toutes les officines. Par ailleurs, la généralisation des missions OSyS est assurément une bonne nouvelle, mais représente avant tout un service rendu à la population ; si elle reconnaît la place de l’officine dans les soins de proximité, elle ne résout pas la panne de son moteur économique. Les annonces positives ne doivent pas noyer le poisson.
Restons donc tous ensemble concentrés, pendant cette période charnière, sur l’objectif primordial de donner un nouveau souffle économique à l’officine pour assurer la pérennité du maillage. Pour cela, l’UNPF appelle à retirer définitivement l’arrêté du 4 août, à cesser toute baisse de prix et à revaloriser dignement la rémunération des pharmaciens, selon une trajectoire durable et qui ne repose pas sur le tout-honoraire. Cette refonte doit prendre en compte l’inflation et la hausse constante des besoins de santé, mais aussi la contribution majeure de l’officine à l’équilibre financier du système de santé, via notamment la substitution, la prévention, la réduction des complications, de la iatrogénie ou encore des recours aux urgences.
Lire aussi le communiqué de l’Intersyndicale des pharmaciens : https://www.unpf.eu/actualites/communiques-de-presse/remises-commerciales-la-profession-unie-jusqua-la-victoire-finale
