En quelques, mots, qu’est-ce que l’UNPF ?
C’est l’Union Nationale des Pharmacies de France, mais aussi des pharmaciens, car nous sommes pluriels. Un syndicat qui a vocation à promouvoir et à défendre le travail des pharmaciens sur le territoire national.
Quel est le rôle le plus important du syndicat aujourd’hui?
Notre rôle, c’est de représenter les pharmaciens de notre pays et de les accompagner, en particulier tous les adhérents. On s’ouvre aussi aux étudiants et aux adjoints.
Quel est le premier travail du pharmacien aujourd’hui?
A titre personnel, je ne sais plus trop à quoi je sers mais l’actualité nous apporte chaque jour la réponse. Nous avons un rôle de présence et d’écoute auprès des patients qui en ont besoin, et d’appui aux clients. Mais c’est le patient, et non le pharmacien, qui est au centre du dispositif.
Vous sentez-vous commerçant ou acteur de santé publique ?
Un peu les deux : acteur de santé publique depuis un an, avec le Covid, mais aussi chef d’entreprise et commerçant. Je suis un pharmacien clinicien et un clinicien qui entreprend.
Qu’est-ce que le Covid a changé pour vous, pharmaciens ?
On a dû apprendre à exercer « au doigt mouillé »… ça a changé la gestion du quotidien : chaque soir, on a eu affaire à une nouvelle stratégie, le lendemain, ça changeait encore… C’est très usant. Après, la crise nous a tous amenés à nous remettre en question : quelle est notre utilité ? Comment rassurer les gens ?... Maintenant, le Covid est intégré à notre exercice professionnel quotidien.
Ne trouvez-vous pas que le métier est un peu vieillot ? Et donc que la pharmacie d’officine doit se réinventer ?
Nous avons déjà eu l’opportunité de nous réinventer il y a quelques années et nous ne l’avons pas saisie. Aujourd’hui, nous sommes face à un nouveau métier : il faudra ajouter du numérique, de l’intelligence artificielle -encore considérée comme un gros mot. La machine va calculer pour nous, va nous dégager du temps pour nos nouvelles missions, pour nos patients.
Digitalisation de l’officine : quels sont les bons et les mauvais côtés ?
Le bon côté, c’est la capacité à nous libérer du temps. C’est un investissement parfaitement amortissable qui peut nous simplifier le quotidien. Ces nouveaux logiciels peuvent par exemple nous aider à créer des ordonnances ou des piluliers, ça demande juste une mise en place et à l’issue, ce sera pour nous 100% sécuritaire et inter-opérable.
Le mauvais côté tient surtout à la résistance au changement, à la peur de l’inconnu, avec des gens qui ne veulent pas se former…
On parle beaucoup de regroupements pour les pharmacies, qu’en pensez-vous ?
Tout seul, on n’arrive pas à grand-chose, tandis que se regrouper est dans l’intérêt économique de la profession. Après, il faut aussi étudier la question en fonction des régions et des contextes locaux.
En 2015 vous faisiez le constat alarmant qu’une pharmacie fermait tous les deux jours, où en est-on aujourd’hui ?
En 2019, il y a eu 350 fermetures, mais parmi celles-ci, certaines sont liées à des regroupements de pharmacies. En 2020, ce chiffre est passé à 240.
L’UNPF avait milité en 2015 pour l’ouverture du capital des pharmacies à l’ensemble des pharmaciens (et non exclusivement à ceux en exercice). C’est toujours votre position aujourd’hui ?
Nous avons été fortement décriés à cause de cela, mais en réalité, notre proposition a juste été mal comprise, dans un contexte de campagne électorale. Notre objectif était simplement d’ouvrir le capital aux gens de la profession, mais pas à l’industrie pharmaceutique. Aujourd’hui, avec des bonnes explications, on pourrait relancer cette idée auprès de tous ceux qui le souhaitent. Tout seul, on n’y arrivera pas, c’est une politique de la main tendue.