Transition écologique de l’officine : si on changeait d’échelle
Une enquête exclusive de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) en partenariat avec GERS Data révèle qu’une très grande majorité des pharmaciens appliquent déjà des gestes écologiques dans leur officine. Les économies d’énergie et la sensibilisation des patients sont bien intégrées aux pratiques quotidiennes. Toutefois, la mise en œuvre de mesures touchant à la logistique et aux transports s’avère plus complexe. L’UNPF propose d’appréhender ces questions de manière collective, afin de rendre possible une véritable économie circulaire des soins de ville.
Des réflexes individuels bien implantés, un nouveau cap collectif à franchir
Une enquête exclusive de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) en partenariat avec GERS Data révèle qu’une très grande majorité des pharmaciens appliquent déjà des gestes écologiques dans leur officine. Les économies d’énergie et la sensibilisation des patients sont bien intégrées aux pratiques quotidiennes. Toutefois, la mise en œuvre de mesures touchant à la logistique et aux transports s’avère plus complexe. L’UNPF propose d’appréhender ces questions de manière collective, afin de rendre possible une véritable économie circulaire des soins de ville.
En matière de transition écologique, le réseau officinal français a déjà largement basculé dans l’action. Ainsi,
80 % des pharmaciens titulaires déclarent avoir déjà mis en place une démarche de développement durable au sein de leur officine et
15 % supplémentaires envisagent de le faire à court terme. Les mesures prioritaires pour les pharmaciens interrogés sont les économies d’énergie et de ressources (8,24 sur 10) et celles qui s’adressent aux patients (7,31). En témoignent les
trois gestes simples mis en place par la quasi-totalité des pharmaciens interrogés pendant l’hiver 2022-2023 :
- Éteindre la lumière et les ordinateurs lors de la fermeture (98 %) ;
- Expliquer Cyclamed et les DASRI aux patients (98 %) ;
- Réduire les déchets d’emballage et sacs distribués aux patients (91 %).
La sensibilisation des patients au bon usage, la diminution du chauffage, les ampoules basse consommation et la limitation des consommables obtiennent des scores élevés (de 86 à 89 %). L’optimisation des commandes pour réduire les livraisons (57 %), le développement d’un rayon “green” (45 %) et l’encouragement des circulations douces (42 %) occupent le milieu de tableau. D’autres mesures sont pour l’instant mises de côté par la plupart : le passage à une livraison de grossiste par jour au lieu de deux (9 %), le bilan carbone de l’ordonnance (5 %) et le label d’employeur écoresponsable (4 %).
Un besoin d’accompagnement pour approfondir la transition
« Ces résultats montrent une forte appropriation des gestes écologiques du quotidien mais un besoin d’accompagnement pour la mise en œuvre de mesures plus systémiques, touchant notamment à l’approvisionnement, qui requièrent un changement profond d’habitudes pour l’équipe officinale comme pour les patients », analyse
David Syr, Directeur Général adjoint de GERS Data.
L’enquête éclaire aussi les perceptions des officinaux : pour eux, le virage vert relève d’abord d’un «
devoir citoyen » (note de 8,15 sur 10). Ils l’identifient également comme une «
source d’économies » (7,81), une composante de la démarche qualité (7,7) et à moindre mesure comme un enjeu d’image et d’attractivité vis-à-vis des patients (6,24), une contrainte (6,08) et un soutien au recrutement des jeunes (5,53), pourtant très sensibilisés aux questions environnementales et qui tendent de plus en plus à privilégier les employeurs écovertueux. Enfin, en dépit de l’importance accordée à l’aspect économique d’une bonne gestion environnementale,
seul un quart des répondants (25 %) effectuent un suivi mensuel de leurs consommations (eau, électricité, papier…), un tiers (34 %) de temps en temps (plus de 5 fois par an), 30 % rarement (moins de 3 fois par an) et 11 % jamais.
Les pharmaciens doivent rester en première ligne
« Habitués à devoir gérer les priorités de santé et prendre le rythme des nouvelles missions dans un temps resserré, les pharmaciens ont aussi le sens de l’efficacité lorsqu’il s’agit d’écologie. Ce qu’ils peuvent réaliser seuls, ils sont déjà une grande majorité à le faire. L’engagement des pharmaciens dans les filières DASRI et Cyclamed témoigne par ailleurs du succès de la mobilisation collective lorsqu’elle est structurée et accompagnée. Il est temps de porter cet effort collectif vers de nouveaux gisements d’économies et de décarbonation du secteur des soins de ville, en coopérant avec tous les acteurs concernés », commente
Christophe Le Gall, Président de l’UNPF.
Il ajoute : «
N’attendons pas qu’on nous dise comment faire ou qu’on nous impose des solutions inadaptées comme la dispensation à l’unité. Prenons garde également aux acteurs émergents qui convoitent la logistique du médicament. En tant que professionnels de santé et chefs d’entreprise, il revient aux pharmaciens d’officine de définir, aux côtés des grossistes-répartiteurs, les conditions d’une logistique de proximité ayant un moindre impact sur l’environnement, préservant l’intérêt supérieur des patients et le maillage officinal. Soyons intégratifs dans la démarche pour y inclure toutes les officines et tenir compte des spécificités territoriales, tout en capitalisant sur les possibilités offertes par les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle, pour optimiser le cycle allant de la commande à la dispensation ».
Lundi 18 septembre 2023