À la tête d’Olisma, Florian Petitjean est de ces personnalités qui font avancer la France sur le chemin de la médecine et de la santé intégrative (MSI). Sous ce concept se dévoile un nouveau modèle de prévention et d’accompagnement des patients, qui réconcilie approches conventionnelles et complémentaires, tradition et modernité, individu et planète… Portrait d’un défricheur.
Diversité et cohérence distinguent le parcours de Florian Petitjean, pharmacien et fondateur en 2022 du laboratoire engagé pour une santé intégrative Olisma, dont le siège est situé aux thermes d’Evaux-les-Bains. « Gamin de la nature », il forge très tôt sa passion pour les sciences du vivant et trouve dans les études de pharmacie la voie idéale pour la cultiver. Une formation initiale enrichie au contact de praticiens inspirants en homéopathie, phytothérapie et aromathérapie. Ces rencontres posent les bases de ce qui deviendra l’engagement de sa vie : la santé intégrative. Cette démarche rend caducs les combats de chapelle. Elle réconcilie en effet, sous le sceau de la rigueur scientifique, le meilleur des approches traditionnelles et de la médecine de pointe, dans une vision qui embrasse la santé au sens large. Florian Petitjean en est aujourd’hui l’un des principaux ambassadeurs dans l’Hexagone : « Je ne me qualifierais pas de spécialiste, ce qui m’intéresse est d’appréhender la santé dans une vision globale, de comprendre pourquoi à tel moment recourir à telle ou telle pratique dans le cadre d’une stratégie d’accompagnement des patients aussi efficace et économe en ressources que possible ».
Diplômé de la faculté de pharmacie de Nancy en 1993, il se tourne vers l’industrie où s’exerce son insatiable curiosité scientifique et sa vision des affaires : B. Braun, Dolisos puis Lehning dont il devient directeur commercial à 30 ans. Il fonde ensuite la marque Naturactive chez Pierre Fabre, puis préparera Weleda France au déremboursement de l’homéopathie. Entre deux postes, il se lance dans le conseil en solo et s’intéresse plus particulièrement auxsoins de support en oncologie. En 2020, il co-fonde la coopérative citoyenne Allié SANTÉ, qui prépare actuellement un documentaire sur la médecine intégrative et la santé globale.
Une troisième voie dynamique
Ce père de quatre enfants dont la femme est médecin, transcrit dans sa vie professionnelle et personnelle les équilibres qu’il prône, pratique le yoga et la méditation et synthétise harmonieusement ses rôles d’entrepreneur et d’homme de sciences. Très impliqué dans un écosystème qui réunit des chercheurs, des universitaires, des professionnels de santé et des représentants des différentes pratiques de santé, il s’emploie à défaire les idées préconçues qui creusent notre retard sur l’Amérique du Nord, la Suisse et l’Allemagne en matière de santé intégrative. Sa conviction : en santé, opposer les disciplines conduit à une impasse. Il appelle plutôt à « réactualiser » les savoirs et à sélectionner parmi les traditions et les innovations de quoi apporter une réponse pluridisciplinaire et personnalisée au patient. Il y a urgence, selon lui, à réconcilier progrès technologique et environnement, santé individuelle et enjeux collectifs. Il n’y a rien de paradoxal non plus à voir la sagesse des Anciens rencontrer la fine fleur du numérique, il faut vivre avec son temps sans renier l’héritage des médecines traditionnelles. Digitalisation du backoffice et objets connectés sont d’ailleurs les alliés des pharmaciens désireux de se recentrer sur l’accompagnement de leurs patients.
C’est également dans le champ de la médecine et de la santé intégrative que peuvent s’épanouir les grandes découvertes des dernières décennies relatives à la physiopathologie des maladies chroniques : microbiome, épigénétique, inflammation de bas grade et psycho-neuro-immuno-endocrinologie (PNIE). Le tout au service de la santé des humains et de leur environnement. Car à la médecine des 6P (Personnalisée, Préventive, Pluridisciplinaire, Prédictive, Participative, Preuves ou Pertinence), Florian Petitjean propose d’ajouter le P de Planète, en cohérence avec l’approche One Health promue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La démarche intégrative est par principe économe en ressources, du fait qu’elle mobilise les capacités d’auto-guérison du corps et tend à privilégier les circuits courts : « Pourquoi chercher des plantes contre l’insomnie au bout du monde si elles n’ont pas démontré mieux que la valériane ou la passiflore ? ».
Le pharmacien est aux avant-postes de cette révolution
Selon Florian Petitjean, cette « nouvelle approche » est un ferment d’avenir pour la pharmacie d’officine. La confiance dont bénéficie le pharmacien, son accessibilité et ses connaissances en font le professionnel de santé le plus à même de canaliser l’engouement de nos concitoyens pour une santé plus personnalisée et plus naturelle. « Ce n’est pas une mode mais une lame de fond. On assiste à une croissance exponentielle des publications scientifiques sur l’intérêt des thérapies complémentaires. Le pharmacien peut, grâce à la santé intégrative, intensifier son rôle de conseil pour prévenir les maladies et prévenir leur chronicisation, en intégrant à son panel des interventions non médicamenteuses et en aiguillant le patient vers les bons praticiens. »
(À suivre…)
1 D’après le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic) - www.cumic.fr 1